Le football est le sport collectif le plus pratiqué au monde, mais il est aussi l’un des plus concernés par la rupture du ligament croisé antérieur (LCA). Cette blessure grave peut mettre fin prématurément à une carrière sportive et engendre une longue rééducation. Pourquoi le football est-il si exposé à ces lésions ? Cet article s’appuie sur les données scientifiques pour expliquer les facteurs clés.
Incidence élevée dans le football
Des études épidémiologiques montrent que le football est responsable d’une large proportion des ruptures du LCA, notamment chez les jeunes et les femmes. Par exemple, la prévalence chez les footballeuses est jusqu’à huit fois supérieure à celle des joueurs masculins. La fréquence en football est estimée entre 0,06 et 3,7 blessures pour 1 000 heures de jeu selon le niveau et le sexe.
Mécanismes principaux de blessure
Rupture sans contact (70 à 80% des cas)
La majorité des ruptures surviennent sans contact direct, lors d’un changement rapide de direction, un arrête brusque, ou un atterrissage irrégulier après un saut. Ces actions se traduisent par des forces de torsion, de valgus et de rotation interne du tibia, dépassant la capacité de résistance du LCA .
Ruptures avec contact
Moins fréquentes, elles sont liées à un choc direct sur le genou, souvent lors d’un duel, d’une chute ou d’un tacle mal contrôlé.
Facteurs de risque intrinsèques
- Sexe féminin : Les femmes ont un risque plus élevé lié à des différences hormonales, anatomiques (angle Q plus important, morphologie du genou) et neuromusculaires .
- Déséquilibre musculaire : Faiblesse des ischio-jambiers, muscles essentiels pour protéger le LCA contre la translation antérieure du tibia .
- Faible proprioception et contrôle moteur augmentent les risques de mauvaises positions à l’appui
- Fatigue musculaire affecte la qualité des appuis et la capacité à amortir les chocs .
Facteurs de risque extrinsèques
- Surface de jeu : Un terrain synthétique dur semble favoriser un risque accru du LCA comparé à l’herbe naturelle.
- Chaussures : Un grip excessif ou des crampons mal adaptés peuvent générer des contraintes mécaniques plus importantes sur le genou lors des pivots.
- Technique d’entraînement et charge excessive : Surentrainement et manque de préparation adéquate au contrôle neuromusculaire augmentent la prévalence des blessures.
Prévention Efficace
Des programmes spécifiques de prévention, comme le FIFA 11+, réduisent de manière significative les ruptures du LCA en améliorant :
- Le renforcement musculaire, notamment des ischio-jambiers
- La proprioception et l’équilibre
- Les techniques de saut et d’atterrissage sécurisées
- La coordination neuromusculaire
L’adhésion régulière à ces programmes diminue le risque de blessure jusqu’à 50% selon plusieurs méta-analyses.
Conclusion
Le football est un sport à haut risque pour la rupture du ligament croisé antérieur en raison des mouvements brusques, des changements d’appui intenses et des facteurs intrinsèques et extrinsèques combinés. Une meilleure compréhension des mécanismes, la prévention ciblée et l’amélioration des conditions d’entraînement sont essentielles pour réduire l’incidence tragique de cette blessure.
Références bibliographiques
- Waldén M, et al. The Epidemiology of Anterior Cruciate Ligament Injury in Football. Sports Med, 2016[1]
- Arendt E, Dick R. Knee injury patterns among men and women in collegiate basketball and soccer: NCAA data. Am J Sports Med, 2022
- Griffin LY, et al. Understanding and Preventing Noncontact ACL Injuries. Am J Sports Med, 2006
- Hewett TE, et al. Biomechanical Measures Predict ACL Injury Risk in Female Athletes. Am J Sports Med, 2005
- Myklebust G, et al. Prevention of ACL Injuries in Female Football Players: A Cluster-Randomized Controlled Trial. Br J Sports Med, 2013
- Della Villa F, et al. Influence of playing surface and cleats on ACL injury rates in soccer. Knee Surg Sports Traumatol Arthrosc, 2020
- Wright RW, et al. Risk of secondary injury in younger athletes after ACL reconstruction. Am J Sports Med, 2016


